
Quentin et Audrey ont décidé de s’orienter vers un Master Tourisme lors du premier confinement de 2020 et ont intégré celui de l’université Lumière Lyon 2. Passionnés par leur secteur, ils se préparent à leur future rentrée en Master 2 en alternance.
Pouvez-vous présenter votre parcours pré-Master ?
Quentin : J’ai obtenu un baccalauréat littéraire option cinéma audiovisuel. Je ne savais pas ce que je souhaitais faire d’un point de vue professionnel, mais j’avais une vague idée : devenir steward. Le monde de l’aviation m’attirait. J’ai rencontré des stewards et des hôtesses de l’air et je me suis rendu compte qu’il était préférable d’avoir un diplôme avant de commencer car les carrières peuvent se terminer tôt. J’ai réfléchi et je me suis lancé dans un BTS tourisme en alternance. J’ai envoyé une bonne trentaine de CV lors de ma recherche et un, par hasard, aux Musées de la ville d’Annecy. Pendant deux ans, j’ai été médiateur culturel. C’était un métier que je ne connaissais pas du tout. Du jour au lendemain, on m’a confié la mission de faire des visites avec des classes maternelles. Je ne m’attendais pas du tout à cela. Moi qui étais prêt à m’asseoir derrière un bureau, à accueillir des gens, les renseigner, c’était complètement différent mais j’ai adhéré à cette expérience. J’ai tellement aimé que j’ai décidé de faire une Licence Professionnelles des Métiers de la médiation par des approches artistiques et culturelles à Marseille qui est l’une des seules universités qui propose ce genre de licence professionnelle combinant art et culture.
Audrey : J’ai fait un baccalauréat ES que j’ai obtenu avec une mention assez bien. A l’issue de mon bac, je n’avais pas d’idée précise sur ce que je voulais faire. Les langues étaient des matières qui me plaisaient donc je me suis orientée en LEA Anglais-Italien. J’ai fait ma licence LEA à Clermont Ferrand, tout s’est très bien passé et je l’ai obtenu avec Mention Assez Bien. En Licence 2, j’ai eu l’occasion de faire un stage de 2 mois au Club Med d’Opio. J’ai adoré ! Ce stage m’a encouragée à m’orienter en tourisme. J’étais dans le service Meetings and Events, le service qui accueille les groupes (principalement des entreprises qui viennent faire des séminaires). Avec une autre stagiaire nous avons été très bien intégrées et avons profité de « l’expérience GO ». Nous n’étions pas des « stagiaires machine à café », nous assistions l’équipe. Nous faisions le même travail que les chargés de mission qui composaient l’équipe mais en plus allégé car malgré tout nous étions stagiaires. En troisième année je suis partie en Erasmus à Gênes en Italie mais j’ai dû rentrer au bout d’un mois à cause de la pandémie. L’Italie je n’attendais que ça. Rentrer a été une grande déception.
Pourquoi vous êtes vous orientés en Master Tourisme ?
Quentin : Le confinement m’a permis de prendre du temps pour réfléchir à mon futur. Au début de la Licence Professionnelle, je pensais trouver un travail une fois ma formation terminée. Mais pendant le confinement je me suis interrogé sur le monde culturel et comment tout serait une fois le confinement terminé. Pour moi le poste de steward était oublié, ce n’était plus ce que j’avais envie de faire. Je me suis rendu compte que je ne me sentais pas prêt à intégrer le monde du travail au cours de cette pandémie. J’ai cherché des Masters et j’ai été accepté à Lyon 2.
Audrey : J’étais sûre de continuer en Master. J’aime bien les études, je suis assez sérieuse et assidue. J’adore les voyages, c’est l’une de mes passions. J’étais sûre qu’une formation tourisme me conviendrait grâce à cette passion et à ma maîtrise de deux langues étrangères. J’ai postulé dans plusieurs Masters dans toute la France et j’ai été sélectionnée à Lyon 2. J’avais une nette préférence pour le tourisme mais j’ai aussi postulé à des Masters de commerce international au cas où. En toute honnêteté, je ne pensais pas que la crise allait prendre une telle ampleur. J’ai commencé à comprendre la gravité de la situation quand j’ai dû rentrer d’Italie, et encore, je pensais que ça ne durerait que quelques semaines.
Comment se sont passés les cours en distanciel pour vous ?
Quentin : En Licence Professionnelle, j’ai fait très peu de distanciel : cela a très peu été mis en place au début dans mon université et les cours se terminaient le 30 mars. L’année était grandement basée sur un projet final de médiation qui devait être présenté le premier jour du confinement. A défaut, nous avons dû rédiger un mémoire sur notre projet de médiation.
Je ne connaissais pas vraiment le distanciel mais à Lyon les cours ont vite basculé sur ce format. Au début, j’étais assez content de rester à la maison, de prendre mon café à côté de mon ordinateur, manger mon bol de céréales en derrière minute… Mais plus le temps passait, plus le lien social me manquait. Nos vies avec ma colocataire se résumaient à peu de choses. Lorsqu’il a été annoncé que les universités allaient rouvrir une fois par semaine, pour moi c’était une bonne nouvelle. Les cours en distanciel ce n’est pas facile, mais je suis conscient que l’on n’a pas le choix. Heureusement que cette solution existe et que l’on ne reçoit pas juste les cours. Au premier semestre, 2-3 professeurs nous ont envoyé leurs cours et c’est aux partiels que l’on a pris conscience avec mes camarades que l’on retenait mieux ce que l’on avait entendu lors des cours en visio.

Audrey : Je suis restée un mois à Gènes pour mon Erasmus mais j’étais arrivée bien avant les cours. En réalité je n’ai eu qu’une semaine de cours sur place. Une fois rentrée en France nous avons eu le choix de continuer les cours en Erasmus à distance, ou de rompre l’échange. J’ai très vite réalisé que suivre les cours à distance ne serait pas possible. Il aurait été compliqué de travailler par écrans interposés avec des étudiants Italiens que je ne connaissais pas. Selon moi, l’Erasmus est une période d’immersion et de communication qui m’aurait permis de devenir bilingue. J’ai décidé de mettre fin à mon Erasmus et en contrepartie j’ai eu deux mémoires à rédiger un en anglais et l’autre en italien.
Les cours de Master à distance se sont bien passés. J’ai bien conscience que pour obtenir mon diplôme il faut être assidue et travailler mais il est vrai qu’il est plus facile d’être distrait en cours en ligne qu’en présentiel. Par contre – et cela ne me dérangeait pas tellement au début – c’est l’aspect social qui vient à manquer. Mais, j’ai de la chance, je n’habite pas toute seule… mais si pour moi c’est difficile pour ceux qui vivent seuls ça doit l’être d’autant plus. Nous avons eu la possibilité, à partir de février, de retourner en cours deux fois par semaine en TD, mais j’ai décidé de ne pas revenir en présentiel. J’ai un peu pris goût aux cours en distanciel : pas de transport, la possibilité de dormir plus longtemps… L’année prochaine j’espère – quand tout ira mieux – retourner à la fac avec plaisir. Il y a des bons côtés dans cette nouvelle pratique. Quand on entend dire que des gens y ont pris goût… je comprends.
Allez-vous réaliser un stage cet été ?
Quentin : Le stage n’est pas obligatoire. J’ai décidé de tout miser sur l’alternance. Je préfère travailler cet été pour des raisons financières. Il est vrai que certains dans ce Master n’ont aucune expérience dans le tourisme. Moi j’ai deux ans en alternance et la licence professionnelle donc je me concentre sur l’obtention d’une alternance pour le Master 2.
Audrey : J’en ai trouvé un qui doit se faire dans un hôtel à Clermont Ferrand, de mi-mai à fin août (si tout se passe bien). J’aurais plusieurs missions. J’ai demandé à être polyvalente. C’est une petite structure, ce qui me permet de faire des missions distinctes dans des services différents : réception (accueil des clients, répondre au téléphone), gouvernance, restauration. Je vais aussi découvrir les bases de la direction d’un hôtel auprès du directeur et de son associé. Même si le stage est facultatif il rapportera des points bonus et pour les obtenir, j’ai un rapport de stage à rédiger qui déterminera mon nombre de points bonus.
La mise en place de l’alternance en Master 2 entraîne la fin des spécialités (patrimoine, marketing territorial, communication digitale) comment l’avez-vous vécu ?
Quentin : La maquette a été modifiée à cause de l’alternance pour éviter un problème d’heures et de crédits. Je suis un peu déçu, parce que je suis passionné par la valorisation du patrimoine, la médiation, les visites. Les professeurs se sont rendus compte que ces changements nous avaient affectés et vont nous envoyer un formulaire pour avoir nos ressentis. Mais je reste ravi de ce Master. Par exemple, moi qui n’appréciais pas le marketing avant d’intégrer cette formation, aujourd’hui je reconnais que cette matière a un certain intérêt. Ce Master a fait évoluer certains de mes a priori.
Audrey : Le Master 1 était commun à tous et le Master 2 devait permettre de se spécialiser. Je pensais m’orienter vers la spécialité digitale. Finalement les trois spécialités ont été fusionnées. Il est vrai que c’est un peu frustrant de ne pas pouvoir suivre cette spécialisation mais l’avantage de cette fusion est que l’on va pouvoir découvrir les trois parcours. Je trouve ça bien.
Pouvez-vous nous parler du CV Book mis en place pour aider les étudiants de votre promotion à trouver une alternance ?
Quentin : Le planning qui a été fait pour le Master 2 est : deux semaines à l’université, deux semaines d’entreprises. Avec certains camarades nous nous sommes interrogés : « si l’on se retrouve sans alternance que fera-t-on lors des deux semaines d’entreprises ? ». Les professeurs sont en train de réfléchir à des formats hybrides, de projets tutorés plus professionnalisant. Ils nous soutiennent réellement pour que l’on trouve une alternance, surtout Mr Soulez. C’est lui qui m’a demandé de créer un CV Book.
C’était la première fois que j’entendais parler de CV Book. Je connaissais le format papier où l’on mettait le CV de chacun qui passe d’entreprise en entreprise. Je trouve le CV Book moderne : il répond aux difficultés de la situation actuelle. Mais des questions se sont posées par rapport au choix de mettre une photo ou non des étudiants, aux couleurs utilisées. Pour moi, qui devait créer le CV book, c’étaient des vraies problématiques. Les élèves ont répondu à un formulaire mis en place spécialement. Chacun se présente, indique les secteurs qui les intéresse, la localisation souhaitée, sont aussi ajoutés une photo, leur CV et un lien vers leur LinkedIn. Avec toutes ces informations je remplissais le site internet.

Le CV Book a pour but de présenter les CV des étudiants du master Tourisme de l’université Lyon 2. Ils sont actuellement à la recherche d’une alternance.
Audrey : 2021 est la première année où le Master 2 est en alternance. J’apprécie que l’université nous aide dans nos recherches… étant donné la situation sanitaire, un peu d’aide ne fait pas de mal ! Les entreprises envoient leurs demandes à la fac qui nous retransmet l’offre. J’apprécie qu’ils mettent des actions en place pour nous soutenir, comme le CV Book. Mais lorsque l’on a dû rédiger notre petit paragraphe pour se présenter je me suis rendue compte que l’exercice était compliqué. On a 5 lignes pour attirer l’attention… c’est difficile de devoir se démarquer sur ci-peu. Mais c’est déjà très bien d’agir et de chercher à nous aider.
Quel poste vous fait envie pour votre alternance ?
Quentin : Médiateur culturel au musée des Confluences ou au musée des Beaux Arts à Lyon sont des postes qui me font envie ! Mais c’est difficile pour le monde de la culture actuellement. Le CV Book c’est une chose mais j’ai aussi repris la méthodologie que j’avais utilisé lorsque je cherchais mon alternance en BTS. Je me suis fait un carnet d’adresses avec toutes les adresses mails des entreprises qui m’attirent. Je n’ai pas envie d’avoir deux semaines sans activité, donc il faut que je trouve mon alternance. J’ai envoyé mon CV par mail, et cette année j’ai voulu jouer sur l’originalité. J’ai envoyé un mail humoristique et décalé. J’ai de très bons retours. Souvent on me dit que l’on ne peut pas me prendre mais que mon mail est original. J’ai eu deux entretiens : l’un avec une agence de voyage pour les scolaires, l’autre pour une entreprise de communication, digitalisation sur la valorisation du patrimoine et les mobilités. Ils ont inventé une application de valorisation des Traboules avec des jeux, des anecdotes. Travailler pour cette entreprise me plairait car il y a un lien avec la médiation et la valorisation du patrimoine. Cette entreprise recherche une alternance mais surtout un CDI à l’issue de l’alternance, donc c’est motivant.
Audrey : En ce qui concerne l’alternance, j’aime le tourisme mais je n’ai fait qu’un stage pour le moment. Je n’ai pas vraiment d’idée précise quant au secteur. Le Club Med j’avais adoré. Je ne dirais pas que c’est l’entreprise qui m’a donné envie de faire du tourisme, parce que je sais que le tourisme ne se résume pas au Club Med, mais c’est cette expérience qui a confirmé que c’est ce que je voulais faire. L’alternance idéale serait de travailler dans leurs bureaux à Lyon, mais pour l’instant il n’y a pas d’offre. J’ai commencé à postuler très tôt, en janvier, car je pense qu’il y aura peu d’offres et je ne veux pas en rater. J’ai postulé pour des agences de voyages, le département tourisme du Conseil Régional. C’est très varié ! Pour la plupart ce sont des candidatures spontanées.
A l’image de nombreux étudiants, Quentin et Audrey tentent de préparer au mieux leur avenir professionnel. L’alternance proposée dans le cadre de leur Master 2 est sans nul doute un avantage pour leur future insertion dans le monde du travail.